Le cas est inédit. Et pose question. Nommé en juin dernier « conseiller spécial » de la garde des Sceaux Christiane Taubira, Jean-François Boutet continue en effet d’exercer sa profession d’avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation. Depuis sa nomination au cabinet du ministre, la SCP Boutet, dont il est l’actionnaire unique, a défendu des clients aussi divers que le groupe Axa, le département de Saône-et-Loire, l’Union nationale des associations familiales, l’Urssaf des Alpes-Maritimes ou une société de gaz. A chaque fois, c’est Jean-François Boutet en personne qui porte ces affaires devant la Cour de cassation et le Conseil d’Etat. « Déontologiquement, ce n’est pas correct, s’émeut un magistrat de la Cour de cassation, alerté comme plusieurs de ses pairs par cette double casquette. C’est quand même le garde des Sceaux qui propose les nominations au parquet général de la Cour de cassation ! » Sans oublier, évidemment, les risques de conflit d’intérêts.
Joint par Paris Match, Jean-François Boutet ne voit rien d’anormal à sa situation : « J’ai accepté d’exercer mes fonctions de “conseiller spécial” à titre bénévole, et je ne plaide ni pour ni contre l’Etat. » Ce qui n’est pas tout à fait exact. Récemment, il s’est ainsi retrouvé opposé au musée du Quai Branly, un établissement public – pour le compte d’Axa –, ou bien à la préfecture de police au sujet de la fermeture d’un bar de nuit parisien. Il est aussi intervenu pour Radio Nostalgie dans un dossier d’attribution de fréquence par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, ou dans une procédure opposant des associations au ministère de la Culture. Président de l’ordre des avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, Gilles Thouvenin défend pourtant son confrère : « Ce cumul ne pose aucun problème. Cela existait déjà au XIXe siècle ! Si Jean-François Boutet veut travailler jour et nuit, cela ne regarde que lui. »
Agé de 57 ans, fils d’un ancien président de TF1, Jean-François Boutet est un intime¹ de Christiane Taubira, qu’il a connue au Parti radical de gauche, dont il a été secrétaire national et tête de liste à Paris.
¹D'aucuns dont l'Express ajoutent même très intime.
Effectivement, dans un gouvernement qui combat à grand coups de lois et de décrets la notion même de normalité, ce genre de situation ne peut pas être anormale, disons que c'est une situation pour tous...
"à titre bénévole, "
RépondreSupprimerIl y a une raison sociale curieuse autant que méconnue mais o combien active, ça s'appelle le lobbying.
lui c'est carrément le lobbying polymorphe
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