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lundi 3 septembre 2012

Dérapage islamiste : les faits divers oubliés

Quand est survenue l'affaire Mérah on s'est bien gardé de nous rappeler l'affaire Kelkal, ou encore plus symptomatique, cette affaire  Safir Bghioua survenue à Béziers à peine quelques jours avant l'attentat des tours jumelles de New York. Source Midi Libre

Dix jours avant les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, juste avant que les noms d’Oussama Ben Laden et d’al-Qaïda ne soient connus dans le monde entier, Safir Bghioua part en guerre à l’arme lourde dans les rues de Béziers.

Ce 1er septembre fut comme un coup de semonce meurtrier, tiré par ce jeune homme de la Devèze, lié aux milieux islamistes et mû par le goût du jihad et du martyr. "Je jure aujourd’hui le 1er septembre d’aller me sacrifier pour Dieu si rien ne m’en empêche". Il fera une victime, Jean Farret. Dix ans plus tard, Midi Libre revient sur l’affaire avec les témoins de l’époque.


Ce destin fatal, Safir Bghioua, 25 ans, élevé dans une famille nombreuse d’origine marocaine, l’a choisi délibérément, quelques heures plus tôt. Ses proches ne l’ont compris qu’après. Car Safir n’est pas du genre à se confier.
Depuis plusieurs années, il mène une vie solitaire, et cache même à sa mère et à ses sœurs l’adresse de son petit studio, cours Gambetta. Malgré de bons résultats scolaires, il avait laissé tomber le lycée pour vivre, comme bien des ados de la ville, du vol de voiture et du deal de shit. Cela l’avait conduit plusieurs fois en prison, pour de courtes peines. Ses échecs s’accumulent. Son amertume grandit.
"Il ne supportait pas l’injustice. Celle de la société, celle de la police, le racisme", raconte sa sœur aînée. Le petit voyou prend un virage. Découvre l’islam radical. "Pendant la guerre du Golfe, il collectionnait les articles." Irak, Palestine, Kosovo, Tchétchénie : les points chauds d’un monde en crise. Des braises sur lesquels soufflent certains, comme cet Oussama Ben Laden dont il a le portrait dans sa chambre.

Tout au long de l’année 2001, Safir parcourt l’Europe dans sa Megane. On retrouvera sa trace à Frankfort, à Strasbourg, mais aussi en Macédoine, en début d’été. "Ça l’avait marqué ce voyage. On avait entendu dire qu’il avait buté un mec là-bas", racontera plus tard l’un de ses copains de la cité. C’est sans doute alors qu’il ramène à Béziers une partie de son arsenal de guerre. Sans doute là, aussi, qu’entre frustration et dépression, il perd pied.
Arrive ce premier week-end de septembre, où Safir a fait une promesse à sa petite sœur : l’emmener à Port-Aventura, le grand parc d’attraction espagnol, près de Valence. La journée se passe mal. Il y a cette embrouille qui éclate, pendant qu’ils font la queue pour une attraction, où Safir se fait insulter. Il y a ce contrôle à la frontière, au retour, où Safir dit avoir été contraint de se déshabiller devant les douaniers. Humiliation, encore. Au retour, il n’entre pas dans l’appartement familial. Il pleure dans l’entrée. "Il m’a dit : Maman, c’est la dernière fois qu’on se voit. C’est fini pour moi, je vais partir, gardez bien les petites sœurs", raconte sa mère. "C’était un geste mûrement réfléchi, un acte suicidaire", ajoute sa sœur.
La Devèze, samedi soir, 23 h 30. Les potes de Safir sifflent des bières, rue d’Alger. Il surgit de sa Mégane, un bandeau blanc au front, des cartouchières autour du torse. Prend une Kalachnikov dans le coffre. File un coup de crosse à la tête d’un jeune : "Tes frères palestiniens crèvent, et toi tu bois de l’alcool ?" Panique, tout le monde cavale. Safir tire en l’air de longues rafales. "Je vais les niquer ! Allahou Akbar !"
Dans l’immeuble d’en face, majoritairement occupé par des gitans, c’est l’effervescence. On sort les fusils, on appelle la police. Arrivent deux voitures qui foncent vers l’immeuble. Safir est en embuscade, lance-roquettes à l’épaule. Feu. Miracle : le projectile n’explose pas. Mais l’impact est terrible : la 306 break des policiers recule d’une vingtaine de mètres, s’écrase sur une borne en béton. Aucun des quatre policiers qui s’y trouvent n’est blessé. Safir recharge, un brigadier ouvre le feu, le jeune homme recule jusqu’à sa voiture, qui, conduite par un complice, démarre en trombe sous les balles.
Safir Bghioua Un quart d’heure plus tard, une voiture explose devant le commissariat de Béziers. Au milieu de la rue, fusil d’assaut en main, Safir défouraille sur la façade, puis disparaît, à court de munition. Dans la nuit, deux automobilistes sont tour à tour attaqués par Safir, l’arme au poing, qui leur vole leur véhicule. Était-il seul ? Ce point ne sera jamais vraiment éclairci. À partir de 4 h du matin, Safir appelle plusieurs fois le commissariat. "Je vais donner l’assaut au commissariat, je vais tuer du flic !" "Vous m’avez humilié, vous allez payer !" "Je suis un soldat de Dieu, un guerrier d’Allah, j’ai été en Tchétchénie, je suis un combattant, j’ai fait des guerres à l’étranger !" "Envoyez-moi le Raid, je veux finir en beauté !"
Il est presque 8 heures, la nuit s’achève. Jean Farret, 72 ans, le chef de cabinet du maire de Béziers quitte le commissariat en état de siège pour rentrer chez lui, et s’arrête faire le plein. Sur sa voiture de fonction, cet ancien légionnaire a un gyrophare. Une proie pour Safir, qui veut "tuer du flic". Le septuagénaire est abattu, à l’arme lourde. Safir rappelle le commissariat. Exige un rendez-vous pour un affrontement. Ce sera au Parc des expositions, qui offre une zone dégagée, à l’écart du centre-ville. Les tireurs d’élite du GIPN y sont en position, sur les toits des hangars. À 10 h 30, Safir arrive, kalachnikov en bandoulière, lance-roquettes à la main, qu’il pointe vers les policiers.
Il meurt sous leurs balles, comme il semblait le souhaiter. "C’est l’acte irrationnel d’un fou meurtrier", déclare le ministre de l’Intérieur socialiste, Daniel Vaillant. Dix jours plus tard, des avions fracassent sous les yeux du monde entier l’un des symboles des États-Unis.
Pendant trois mois, au SRPJ de Montpellier, on maintient que Safir n’était qu’un petit caïd de cité, pris d’un coup de folie. Comme s’il fallait à tout prix gommer le halo de terrorisme islamiste qui entoure son parcours. Excédé, le juge d’instruction confie l’enquête aux gendarmes, qui mettront en évidence ses motivations radicales. Néanmoins, en février 2006, après des investigations menées notamment dans le Nord de la France et au Maroc, les enquêteurs rendront leur copie, sans avoir pu identifier l’éventuel complice de Safir ce soir-là.

Ni ses contacts dans la mouvance islamiste, pas plus que les origines de son arsenal. Le kamikaze de Béziers a emporté ses secrets dans sa tombe.

4 commentaires:

  1. Philippe Muray avait commenté ce fait divers dans festivus festivus, son livre d'entretien avec Elisabeth Lévy

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  2. Je ne vois pas trop le lien entre ce monsieur et les 3 tours.
    Tout le monde, ou presque, sait très bien qui a fait le coup.

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  3. on sait aussi qui pilotait les avions, certainement pas des fonctionnaires zélés.

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