L’envoyé spécial des États-Unis en Syrie, James Jeffrey, a annoncé dimanche que Washington avait proposé à la Syrie de mettre fin aux sanctions américaines. Le ministère des Affaires étrangères et des Expatriés à Damas a déclaré que les déclarations de James Jeffrey constituaient un aveu clair de la part de l’administration Trump qu’elle était directement responsable des souffrances des Syriens. Les Syriens considèrent les sanctions croissantes comme une guerre économique, imposée après l’échec des États-Unis à provoquer un «changement de régime » en utilisant des terroristes soutenus par la CIA (comme le reconnaît même le New York Times).
Damas déclare que les sanctions violent les droits de l’homme et le droit international car elles affectent la population syrienne. Le Président Trump a hérité de la guerre en Syrie fomentée en premier lieu par son prédécesseur, l’ancien Président Obama. En 2016, Trump a fait campagne en promettant d’arrêter le soutien américain à la guerre en Syrie ; cependant, il a depuis envahi et occupé plusieurs zones en Syrie et a déclaré qu’il était là pour empêcher la Syrie d’utiliser ses ressources en pétrole. Quant à la Russie, elle est entrée en Syrie en 2015 à la demande de Damas pour aider à la lutte contre les terroristes d’Al-Qaïda et de Daech. L’Iran et le Hezbollah étaient intervenus aux côtés de Damas respectivement en 2011 et 2013. Les sanctions les plus récentes sont prévues pour durer 5 ans et peuvent être levées si sept critères sont remplis ; cependant, les deux premiers points sont conçus spécifiquement pour empêcher la lutte contre les terroristes d’Al-Qaïda qui contrôlent Idlib et détiennent environ 3 millions de personnes comme boucliers humains. La Syrie et la Russie, son alliée en Syrie, ont toutes deux déclaré que vaincre le terrorisme était un objectif stratégique.
Les sanctions américaines contre la Syriese sont accumulées en diverses couches depuis 1979 et ont augmenté au cours de la période 2011-2020, aboutissant aux sanctions les plus récentes de ce mois-ci. Certains représentants de l’ONU et des ONG occidentales ont dénoncé les sanctions comme inefficaces et inhumaines.
Un homme d’affaires de Damas a déclaré : « Les sanctions aideront à empêcher la Syrie de parvenir à une quelconque forme de rétablissement », tout en ajoutant : « Les riches expatriés ne reviendront pas tant que des sanctions seront en vigueur ».
Le frère Firas Lutfi, de l’ordre franciscain des Gardiens de la Terre Sainte, a accordé une interview vidéo à « Rome Reports », dans laquelle il a donné son témoignage de première main sur la Syrie avant, pendant et après la guerre. Il a rappelé son ancienne vie à Alep et a expliqué le sort des chrétiens persécutés, qui avaient joui de la pleine liberté de religion en Syrie jusqu’à ce que les terroristes d’Al-Qaïda déferlent sur le pays suite à l’attaque coordonnée par les Frères musulmans qui a commencé en 2011. Les terroristes ont été vaincus, à l’exception d’Idlib ; cependant, une nouvelle forme de terreur est arrivée sous la forme du virus COVID-19. Bien que le nombre de cas soit faible en Syrie, l’effet du confinement a conduit à la pauvreté, car les revenus ont été arrêtés. Le frère Lutfi a téléphoné à un ami en Syrie, qui lui a affirmé : « Je préfère mourir du coronavirus que de faim. Je ne peux pas me permettre de voir mes enfants mourir sous mes yeux, sans pouvoir rien faire. »
Le prix des aliments de base en Syrie a augmenté de 111% en un an. Le coût de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de base grimpe en flèche sur les marchés syriens, tandis que la livre syrienne s’effondre en valeur. La valeur de la livre syrienne sur le marché informel est passée d’environ 940 livres pour un dollar américain en janvier à un taux de change d’environ 4 000 livres pour un dollar récemment. De 1992 à 2011, le taux est resté stable à 50 livres syriennes pour 1 dollar. Les années de guerre et les sanctions américaines ont dévalué la monnaie syrienne et plongé les Syriens de la classe moyenne dans la pauvreté.
Depuis peu, certains magasins et pharmacies gardent leurs portes fermées car la valeur de la monnaie baisse trop vite. La hausse des prix des produits essentiels, dont le gaz de cuisine et le pain, cause des souffrances. Même dans les zones qui n’ont pas été attaquées par des terroristes et qui ont passé la guerre dans un calme relatif, les effets des sanctions, qui se sont traduites par une guerre économique, se font ressentir.
Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a rapporté une enquête en avril selon laquelle environ un tiers de la population ne mangeait pas suffisamment, tandis que 87% avaient épuisé leurs économies après 9 ans de guerre...
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