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lundi 24 février 2014

France 2 sur la place Maïdan

Samedi soir sont passés au journal de France 2 une série de reportages sur les événements survenus en Ukraine qui m'ont laissé perplexe.
Je me croyais revenu aux reportages sur les combats  contre Khadafi . Les visages étaient moins basanés le ciel était plus sombre, mais on retrouvait ce côté armée de Bourbaki. On voit cela aussi dans les scènes filmées du côté de la résistance à Bachar El Assad.
Bref ça ne faisait pas vrai.

On aurait dit une reconstitution ou une mise en scène tant les unités  de temps de lieu et d'action chères au théâtre classique français étaient respectées.
Passons sur l'unité de temps et venons en à l'unité de lieu.
Une place de quelques mètres carré, où s’agglutinent quelques "combattant de la liberté" . Certains finiront miliciens, les autres prisonniers politiques, mais n'anticipons pas.
A gauche un arbre derrière lequel s'abritent quelques hommes vêtus de vêtements vaguement militaires, la tête protégée pour les uns par un casque ovoïde de milicien ou de soldat, pour les autres d'un casque de motard. juste à coté d'eux un corps face contre terre sur lequel on marche parfois.
Un peu plus loin un autre corps près d'un autre arbre.
Ils sont blottis derrière des boucliers probablement faits maison. Une protection bien illusoire contre une balle de fusil tirée à moins de 200 mètres.
Devant, à une trentaine de mètres une levée de terre ou une haie. On y  distingue peut-être des corps. A droite on entrevoit un instant une infirmier ou quelqu'un qui  porte un sweater blanc et qui dispense des soins.
Un peu plus loin encore un bâtiment qui surement présente un abri sûr  contre les tirs sporadiques que l'on entend d'en face.
A gauche à une centaine de mètres, sur un espace plus ouvert de la place on distingue en fonction des mouvements de la caméra, des hommes dont certains sont plus ou moins courbés lorsqu'ils courent, d'autres semblent plus indifférents aux tirs.
Mais curieusement on ne voit que peu de gens contre le mur du bâtiment et notre petit groupe apparemment très exposé préfère rester là, à la vue des snipers supposés plutôt que de se déplacer.
Derrière, à droite, on entend des voix.
De temps en temps une voix en français traduit ce que disent les participants, dont curieusement, certains parlent en anglais. Ils  font  la révolution, mais ils la jouent aussi  pour les infos de CNN et accessoirement les nôtres.
Une voix crie derrière nous "allez y les gars il faut les ramener, on ne peut pas les laisser là, il faut les enterrer"  (!) selon la voix off.

Les enterrer sur la place Maïdan ?

Un gars, accroupi sur la droite, vêtu vaguement comme un motard avec des bottes de caoutchouc s'élance courageusement vers l'avant se protégeant derrière deux scuta artisanaux
Notons qu'au delà de notre position sur l'avant il y a des "révolutionnaires" Cette action d'éclat et dangereuse n'a donc qu'une importance tactique et humanitaire très relative.
D'autre part on se demande bien qui a investi le gugusse derrière nous d'une autorité suffisante et légitime pour envoyer des gars au casse-pipe, sans qu'il ne bouge lui-même son gros cul.

Ce qui devait arriver arriva et juste après que l'on entendit un coup de feu, notre héros s’effondre, mais il n'est pas mort et il bouge encore. Il rassemble ses forces pour protéger son corps d'un des deux scuta qu'il avait avec lui.
Un homme bondit de l'arrière de la caméra et progresse rapidement vers le blessé en zigzaguant . On se dit "Encore un héros !", mais non, il manque de lui marcher dessus et continue sa progression vers la levée de terre ou le bâtiment, on ne sait pas. Les incertitudes de la guerre.

Finalement sur les vociférations de la voix du "chef" plusieurs hommes se portent vers le blessé, exposé aux tirs des snipers, du moins on le suppose, sans se protéger plus que ça. Même le cameraman se lève pour nous ouvrir le champ.
Finalement ramener un blessé de 80 kilos sous le feu de l'ennemi s'avère peu pratique et ils y vont à six, debout, décidant d'ignorer les tirs qui d'ailleurs n'auront pas lieu et c'est debout encore qu'ils ramèneront le blessé en le tirant par les bras !
J'étais bouche bée, vous l'imaginez bien ! tant d'héroisme et une telle bravade face au danger, ça émeut.

Quelques minutes, secondes , heures,  plus tard, on ne sait pas ? surgit de la gauche et derrière la caméra, un homme portant une civière orange, le truc parfait pour attirer le regard d'un sniper pas encore complètement cuit par la vodka.
Il longe le mort, toujours présent, par l'extérieur gauche,  le groupe d'hommes se protégeant frileusement derrière l'arbre et leurs boucliers, passe devant tout ce beau monde et devant l'arbre, c'est à dire si on en croit le scénario entre le sniper et le groupe et essaie de se faufiler, venant de l'avant entre l'arbre et un bouclier tenu par un des héros présents lequel obligeamment recule pour lui faire une petite place dans le champ de la caméra.
Pan ! il s'effondre à son tour pendant que le gars qui lui avait laissé la place s’égosille à hurler en anglais  "eeehh !  he is wounded ! médic ! medic !"  Un code certainement entre lui et les infirmiers ukrainiens.
Surgit de l'avant le medic tant attendu qui ausculte le blessé "dont on ne sait s'il est encore en vie".

Deux blessés et deux morts sur 10 mètres carrés ça tombe dur sur la place Maïdan .
La scène se termine  alors que le cameraman n'écoutant que son courage se dirige à gauche vers un homme blotti derrière l'arbre, derrière notre arbre, homme qui n'a même pas bougé un petit doigt quand le brancardier agonisait, du moins on le suppose, à vingt centimètres  de son postérieur.
Il porte un casque et un masque chirurgical qu'il remonte bien pour ne pas être reconnu . Il  réajuste son bouclier, à gauche, contre l'arbre pour se protéger des balles qui viennent plutôt de sa droite. D'ailleurs le cameraman, du coup doit être en pleine ligne de tir. Mais bon ! un sniper n'oserait pas faire ça !

Sur le bord gauche du bouclier on voit quelques hommes sur la place. Ils n'ont pas l'air plus affolés que ça.

un drôle d'ange






19 commentaires:

  1. Voui, j'ai vu cette vidéo du brancardier improvisé blessé à son tour. Et du mec qui appelle un "medic".

    Celle que j'ai mise sur mon billet parle pourtant bien d'elle-même. Bien sûr qu'il y avait aussi des gars venus de partout. Ca tirait sec et ça tombait dru. Il y a certes des interventions occultes, mais je ne crois pas à la mise en scène.

    J'ai remarqué aussi que les groupes qui se formaient pour déplacer les blessés et les morts n'étaient pas visés. C'est ce que j'ai mis sur le compte de "l'européanité" des tireurs...

    Etonnée aussi des couleurs des vêtements de certains. Je ne sais pas si le bleu ou le jaune sont très opportuns comme couleur d'imper. Mais bon, les gens mettent ce qu'ils ont.

    Les uniformes des combattants, c'était quoi ? Je parle de ceux qui sont en treillis. Des organisations para-militaires ?

    Les casques militaires viennent d'où ? Beaucoup de matos, et si c'était nous, je ne sais pas où nous le trouverions.

    Ptet que Rotes Schild nous en fournirait, et en même temps, ils en fourniraient à ceux d'en face...

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  2. Diable diable ! Je fatigue, j'avais pas regardé les vidéos des farouches combattants de la liberté. A lire votre compte-rendu, ça paraît aussi sincère, authentique et convaincant que les mascarades des grands magasins du Kénya ou du marathon de Boston...
    Tout ça est très bien organisé. Juste après les tensions manipulées en Syrie, juste pendant les JO...
    Diable diable, le nouvel ordre mondial semble pousser les feux. Mais qui donc agit ? Hmmm ?

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  3. Bielka-Belochka25/2/14 16:17

    Elle vous inspire, L'Ukraine ?

    "On aurait dit une reconstitution ou une mise en scène tant les unités de temps de lieu et d'action chères au théâtre classique français étaient respectées." Vous pouvez m'expliquez, Monsieur L'Inconditionnel de Molière, qu'est-ce que vous insinuez encore par cette phrase là ?

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  4. @ la mouette.
    Il parait hasardeux d'en tirer des conclusions définitives, mais ce reportage est "trop" comme disent les jeunes.
    Il y a tout et même plus en quelques minutes, y compris ce que le plus novice des novices ne ferait pas dans une telle situation. C'est ce qui a attiré mon attention.
    Comme tu l'as remarqué, le sniper tire sur des types qui essayent d'échapper aux balles mais pas sur ceux qui se tiennent debout.
    Du coup, pourquoi tout le monde ne se tient pas debout, l'air de rien ? Je force volontairement le trait.
    Le type avec le brancard fait un large tour pour se prendre une balle dans le dos mais on ne sait pas ce qu'il vient faire là en passant par là.
    etc
    Au passage je note que sur le site de France 2 le journal du 22 à 20 heures a été désactivé . Je dis ça je dis rien.

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  5. @ Pakounta
    le mois qu'on puisse dire de ce reportage toujours en singeant la novlangue, c'est "qu'il interpelle".

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  6. @ Petite écureuil
    Je n'insinue rien du tout, je dis que ce reportage est trop beau et qu'il devrait logiquement valoir le prix Albert Londres à son auteur.
    Il illustre si parfaitement ces heures angoissantes sur la place Maïdan qu'on le croirait fait sur mesure.

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  7. En fait, ceux que je croyais être des ptits gars armés par l'OTAN étaient des groupes du style Secteur Droit.

    http://youtu.be/WfzsDkdNtGU

    Vous ne pouvez pas dire que c'est de la mise en scène, quand même !

    Idem pour la vidéo que j'ai mise sur mon blog, les assauts répétés avec les snipers qui tirent à balles réelles.

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  8. Bielka-Belochka26/2/14 15:03

    C'est bien ça le problème. Celui qui écrit ce repportage croit que c'était fait sur mesure. cela me gène.

    Mon cher Observateur Cynique, puis-je vous demander un petit service : de chuchoter discrètement à Lamouettejovial que le bleu et le jeune sont des couleurs de drapeau ukrainien.

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  9. @ La mouette
    à 1 contre cent je comprends que la police ait lâché ses snipers.
    On peut quand même s'étonner des types en TShirt au mois de février à Kiev, mais bon mettons cela sur le compte de l'excitation.
    en tout cas on est loin des manifestants victimes et pacifiques, ce qui transparaissait déjà dans la vidéo où on voyait les policiers se transformer en poulets kentucky sous l'effet des cocktail molotov.
    J'aurais également une question à poser concernant le reportage qui est l'objet de mon article. Un drôle de monument que l'on ne voit pas sur la place Maïdan sur Google alors qu'il est sensé y être.
    La petite écureuil nous éclairera peut-être ?

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  10. @Bielka-Belouchka

    Elle le sait désormais si elle l'ignorait.

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  11. Bielka-Belochka26/2/14 16:55

    Merci, cher Paul-Emic (pour les couleurs ). On est pas toujours des adversaires, on finira, peut être, par devenir des alliés.
    Le monument sur la Maidan (la place de l'Indépendance ) était érigé en 2001 pour célébrer le 10ème anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine. Il porte le nom du monument de l'indépendance.
    Mais qu'est-ce que vous trouvez de drôle dans ce monument , ou c'est pour me titiller ?

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  12. je mets la photo en fin d'article puisque sur ce blog on ne peut insérer de photo dans les commentaires . Je n'ai vu cet ange ou archange qu'en haut d'une colonne.
    Sans doute pourrez vous nous éclairer ?

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  13. Bielka-Belochka26/2/14 17:57

    Il s'agit de l'ange Michail, protecteur du peuple et un intermédiare entre le royaume du Ciel et la terre. Son culte remonte encore au temps de la Russie Kievienne. Il était aussi vénéré car il représentait la force et la protection contre les forces du Diable ou du Satan. Ce monument était également érigé en 2001.

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  14. Merci mais sur les photos dont je dispose l’archange Michel est sur espèce d'arc de triomphe . Il y a une autre statue en haut d'une colonne, mais aucune au sommet d'une espèce de serre que je n'arrive pas à retrouver .

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  15. Bielka-Belochka27/2/14 10:08

    Désolée, j'arrive pas à voir clair. La prochaine fois dès que je retourne sur le Maidan, je regarderai de près et je vous tiendrai au courant. Sauf si vous y allez vous même, peut être on se croisera. Vous étiez déjà en Ukraine?

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  16. en fait ça ne se passe pas du tout sur la place Maidan mais plus haut au coin des rues Instytuska et Olbginsbka.
    il y a effectivement cet ange qui se trouve perché en haut de cette drôle de verrière.
    on le voit bien sur cette vidéo
    http://youtu.be/qSvj8F_Br4M
    à partir de la 12 eme minute.

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  17. Bielka-Belochka27/2/14 18:52

    Verhovna Rada se trouve sur la rue Institutskaja qui donne directement sur le Maidan d'Indépendance. J'ai vu le statut sur le vidéo mais je ne sais pas ce que c'est, désolée. Vous avez un souci de détail, vous ? ;-)

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  18. c'est "la statue sur la vidéo".
    Oui c'est vrai j'ai le soucis du détail.
    Quand on est un journaliste sérieux comme aurait dû l'être France 2 on ne dit pas n'importe quoi.
    Le Rond Point des Champs Elysées ce n'est pas la place de la Concorde (pour les Parisiens)

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  19. Bielka-Belochka27/2/14 19:33

    Oui, d'accord. Mais les deux rues Institutskaja et Olginskaya entourent le Maidan. Et puis, le Maidan est devenu en quelque sorte le nom symbolique des événements à Kiev.
    Votre souci du détail m'est très utile du point de vue grammaticale. Merci, spasibo, diakuyu !!!

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