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jeudi 15 octobre 2009

Que la bête meure

Il ne viendrait l'idée à personne sauf quelques grincheux, de contester la notion d'état de droit.
L'état de droit c'est dans le mythe démocratique collectif, le contraire d'arbitraire et de pouvoir absolu. L'état de droit, c'est la victoire de l'écrit et de la raison sur le fantasque et le caprice .

En vérité, citoyens-consommateurs, ne vous a-t-on pas pris pour des billes ?

Arbitraire et pouvoir absolu ne sont réellement nuisibles que lorsqu'ils sont aux mains de souverains dévoyés.
On pourra dire ce que l'on voudra de l'Ancien Régime, mais la quasi totalité des rois qui ont gouverné la France avaient une très haute opinion de leur mission, de leur fonction qu'ils exerçaient dans la crainte de Dieu.
La justice ne pouvait être inéquitable ce que permettait l'absolutisme et l'arbitraire du Roi qui exerçait la décision en dernier recours en son âme et conscience.
J'entends déjà les quolibets : c'est une vision idéalisée de l'Ancien Régime qui comportait aussi sa part de bandits, de canailles etc.
Certes tout n'était pas parfait, loin de là mais il y avait au moins une différence fondamentale, celui qui commettait le mal faisait profil bas par crainte des représailles.

Voyons maintenant comment l'état de droit nous a fait entrer dans la "modernité".
L'état de droit c'est un système basé sur des lois le plus souvent écrites, dont généralement une fondamentale que l'on appelle "constitution".
Les lois sont censées prévoir toutes les situations de la vie et tout ce qui n'est pas défendu expressément par la loi est autorisé.
Quand l'Ancien Régime, en cas de problème nouveau se référait en ultime recours à la loi de Dieu : en gros à la notion de bien et de mal que chacun porte en soi , l'état de droit exige que le cas ait été envisagé auparavant.
Ce qui est intéressant dans l'état de droit c'est qu'il inclut en son sein sa propre référence éthique (la morale n'existe plus en état de droit) .
La conséquence, c'est qu'il n'existe plus de loi "éternelle", immuable. Tout peut changer en permanence, ce qui amène nécessairement à une certaine désagrégation de la société qui s'y réfère.
Tout peut changer, donc tout change, tout peut aussi être le contraire de tout.
Dans la plupart , voire dans la totalité des sociétés humaines, tuer autrui est condamnable . C'est une des clés de voute d'une société. Si chacun peut en toute impunité tuer autrui, il n'y a pas de société, c'est l'état sauvage, l'état de nature.
Naturellement la mort d'autrui reste autorisée dans certaines conditions, généralement les mêmes quelle que soit la société en question : la guerre et la punition des crimes. Ces morts contribuent à la solidité de l'édifice en éliminant les ennemis extérieurs et intérieurs, les forces qui veulent désagréger cette société.
L'état de droit , puisqu'il constitue sa propre référence a changé cela.
La mort en punition de crimes n'est presque plus appliquée, certains verraient bien des guerres sans l'autorisation de tuer.
Par contre la mort est autorisée pour l'enfant à naître dans le ventre de sa mère, le vieillard, le malade . En un mot les ultra-faibles mais porteurs de l'avenir et de l'histoire. Ainsi la société qui vit sous le règne de l'état de droit nie son passé et ne revendique aucun avenir.
La mort est également, sinon autorisée, du moins tolérée quand elle est donnée par un marginal de la société, quelqu'un qui pour diverses raisons se met en marge de la société en donnant la mort à ses contemporains qui par rapport à lui sont des faibles puisqu'on ne leur reconnait pas le droit ni de se défendre ni de se venger. Il y acquiert d'ailleurs une protection de sa vie pour tout le temps où il sera sous la protection de l'État (en prison, mais pas nécessairement). Il y a une certaine logique à cela puisque le tueur contribue à renforcer l'état de droit en participant indirectement à l'élaboration de lois supplémentaires. C'est la justification la plus évidente du système.
Je vous passe le culte de l'égalité en lieu et place de l'équité, la quête sans fin aux "droits à", sans devoir quand les "droits de" liés à des devoirs s'étiolent. Chaque droit à est nécessairement universel et fini par se retourner contre le citoyen, donc contribue à l'affaiblissement de l'ensemble, tandis que les droits de sont perçus comme des menaces par le système. Il est clair que leur mise sous le boisseau affaibli tout autant la société qui perd ainsi le ciment qui la faisait tenir debout : l'adhésion de ses membres à la société qu'ils composent.

Un tel système ne peut perdurer, il est clair qu'il va imploser sous le poids de ses propres contradictions. Surtout que la pression extérieure n'a pas cessé . Aujourd'hui l'immigration, demain pourquoi pas la menace militaire.
Les époques de décadence brillent souvent de mille feux. La notre laissera sans doute des regrets quand on aura oublié son côté obscur. J'ignore naturellement quels évènements conduiront à la chute de l'Occident. Mais une chose est sûre, à chaque fois qu'une civilisation sombre, c'est qu'elle a rencontré son pire ennemi, à savoir elle-même.

20 commentaires:

  1. Très bel article qui me montre combien nous sommes proches.
    Tu as bien fait de noter que le roi gouvernait "sous le regard de Dieu" et qu'une société sans morale ne peut aller qu'à sa perte.
    Le terme de "pouvoir absolu" dans son sens historique ne signifiait ni totalitarisme, ni fascisme ni arbitraire, comme la propagande post-89 l'a rabâché jusqu'à en faire une vérité, mais le pouvoir de celui qui doit écouter toutes les parties et les points de vue et doit trancher en son âme et conscience.
    De plus, dans la société traditionnelle, bien des choses se réglaient selon la coutume, les usages dont la plupart remontaient à la nuit des temps. Napoléon avec son Code Civil n'a fait que rigidifier tout cela et paradoxalement qu'ouvrir la porte à toutes les dérives que tu dénonces à juste titre.
    Cesserons-nous un jour de marcher sur la tête ?

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  2. La chute de l'Empire Romain en est un bon exemple, et les raisons sont en grande partie similaires, la résultante étant une régression à tous les niveaux (économique,social, intellectuel et autres) et la barbarisation du nouveau système. D'ailleurs le recul économique et social est déjà amorcé, le recul intellectuel l'est aussi de par entre autres le lavage de cerveaux opéré quotidiennement par les médias.

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  3. @ CCRIDER, merci. Je sais que nous sommes proches par les idées.

    @ AHAE l'image de la chute de l'empire Romain s'impose à tous, ce qui toujours déroutant dans les chutes de sociétés c'est que les premiers signes de décadence apparaissent souvent quand la société semble poursuivre sa course ascensionnelle.
    La décadence a débuté depuis un siècle ou plus et pourtant ce dernier siècle nous a fait franchir un pas technologique énorme.
    C'est comme ça, un peu comme une période de rémission. Ce qui fait que souvent les gens qui baignent dans la décadence ne se rendent pas compte de leur situation réelle, surtout qu'il n'est pas de l'intérêt du système de montrer qu'il est près de l'effondrement.

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  4. Oui, je crois aussi que tout s'effondre.
    Personnellement je suis actuellement en proie au doute concernant la "virtualisation", ce qui donc remet an cause mes compétences en informatique.

    De plus tout ce qui se passe actuellement dans "l'état de droit" conduit au dégoût. Je suis dégoûté de tout ce système. Beaucoup de gens le sont.

    Plus soutenu, ce système va certainement s'écrouler en effet.

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  5. Personnellement je situerai notre décadence à l'époque où on a importé de la manoeuvre étrangère non compatible avec notre civilisation au nom du profit et de la croissance ou mieux à l'époque où on a recruté (mobilisé ??) des bataillons africains (et asiatiques ?) pour la défense de l'hexagone (guerre 14).
    Le pas technologique énorme franchi le siècle dernier (20 ème) ne veut pas dire forcément progrès car pour moi le mot progrès inclut la notion de bonheur (conditions de vie) et là cette notion est en nette régression.
    Il est vrai que la comparaison de la chute de l'Empire romain avec celle de notre civilisation s'impose car les similitudes sur de nombreux points sont frappantes (cf Edouard Salin "la Civilisation Mérovingienne' 1949 qui détaille avec pertinence dans son introduction les causes)

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  6. la question du début de la décadence est intéressante même si elle n'est pas primordiale et après y avoir longtemps réfléchi je la situe, moi, à la chute du Premier Empire, pour ce qui concerne la France. Mais pour l'Europe en général, l'époque de la Grande Guerre est, je crois, unanimement reconnue.

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  7. La Chute du premier Empire. Je suis justement en train de terminer un ouvrage sur les troupes napoléoniennes.

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  8. oui parce quand on y regarde bien,la France n'a plus gagné, seule, une guerre contre un adversaire à sa hauteur depuis cette époque.

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  9. Les guerres napoléoniennes ont coûté un million de morts, ce qui, vu la démographie de l'époque représente une ponction monstrueuse et très comparable à celle de la guerre de 14, n'en déplaise aux admirateurs du corse. Si on y ajoute les désordres, les bouleversements sociaux de la Révolution, on peut même aller jusqu'à dire que le début du déclin date sans doute de cette époque. Déclin et décadence sont des maladies qui, si on ne les soigne pas, peuvent devenir mortelles.Et depuis deux siècles, la France est partie à la dérive. On a même l'impression que ça accélère. Je me demande souvent s'il n'est pas trop tard pour renverser la vapeur au stade où nous en sommes...

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  10. c'est ce qu'on se dit les jours de déprime ou de clairvoyance

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  11. Je situerais le commençant de la décadence bien plus tard, soit après la Seconde guerre quand on s'est dit que l'on avait enfanté le Mal absolu, nous Européens. Quand, à cause de ça, on a commencé à ne plus s'aimer sinon se haïr. Depuis tout est devenu possible.

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  12. la défaite de Quarante n'était que la matérialisation d'une décadence bien plus ancienne dont parlaient déjà des auteurs de la fin XIXème début XXème

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  13. Je ne parlais pas de la défaite, la France en a connu d'autres mais du grand bazar à la Libération lorsque le monde est devenu noir et blanc.

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  14. je comprends bien Pharamond, mais personnellement, je place l'origine bien plus haut dans le temps.

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  15. Heureusement que nous ne sommes pas toujours d'accord ;-)

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  16. ça fait partie du plaisir de l'échange ;)

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  17. Cet article est extrêmement intéressant, je l'ai déjà lu plusieurs fois. L'islam fonctionne aussi comme ça : ce qui n'est pas interdit est permis, autant dire que c'est la porte ouverte à toutes sortes de combines, alors que c'est beaucoup plus exigeant de discerner selon sa conscience. Les contradictions de notre société vont jusqu'à l'absurde : récemment, à propos de la polémique soulevée par Claude Guéant, Villepin a dit que c'était normal que les usagers des services publics puissent arborer des signes religieux, car sinon par exemple, une bonne soeur ne pourrait plus prendre le bus ! Curieux comme exemple, dans le contexte actuel... Je me demande ce que les ancêtres de Villepin penseraient de cette présentation trompeuse du problème, à savoir les exigences des musulmans quant à leurs soins dans les hopitaux publics...

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  18. Guéant a été un peu loin en parlant de signes religieux pour les usagers du service public. Mais c'est peut-être volontaire parce que la réponse évidente, c'est celle que fait Villepin : "on ne peut pas les interdire sinon une bonne sœur etc". Or Guéant a œuvré très près de Sarkozy, chantre du vivre-ensemble.
    ça relèverait de la technique du "voyez on ne peut pas faire autrement".
    Le vrai problème, mais je crois que je l'ai évoqué dans un autre article, c'est que le musulman, dès lors qu'il est dans une terre de conquête et on dirait bien que désormais nous sommes dans ce cas, veut que le pays s'adapte à lui. En l'occurrence, il n'est pas supportable qu'un utilisateur d'un service public exige que ce service œuvrant pour le bien commun se plie a ses exigences particulières, que ce soit un médecin d'un sexe donné ou autre chose.

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  19. C. Guéant a peut-être dit ça pour grapiller des voix ou alors effectivement, c'est une ruse, un genre de raisonnement par l'absurde. C'est dans un de vos articles que j'ai entendu parler de la division du monde en Dar al-Islam et Dar al-Harb par les musulmans. On marche sur la tête en mettant sur un pied d'égalité une femme en burqa et une religieuse catholique. Villepin a été courageux en 2002, quand il s'opposait aux Américains sur la question de l'Irak, mais à présent je le trouve très décevant. Dans 50 ans, ou peut-être dans 30 ans, en cas de guerre civile en France, j'imagine bien les Chinois mettre tout le monde d'accord...

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  20. Villepin chasse clairement au centre gauche. Ce n'est peut-être pas sa meilleure idée.
    Quant aux Chinois, ç'est du domaine du possible effectivement

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