S'il y a bien un mot qui m'horripile, c'est celui de démocratie.
Démocratie, stricto sensu, le gouvernement par le peuple, n'a pas au départ toutes les vertus qu'on lui prête aujourd'hui. Dans "La Guerre du Péloponèse", Thyucidide montre à plusieurs reprises que, déjà, la démocratie s'apparentait souvent à une dictature d'une classe sur l'autre, plus de deux mille ans avant l'invention du communisme.
La démocratie a ressurgi avec la révolution française pour être aussitôt corrompue en "démocratie représentative" qui est tout sauf une véritable démocratie.
Si tout va bien c'est une aristocratie, le gouvernement des meilleurs, qui se transforme assez vite en ploutocratie, ou en bureaucratie, dont la variante moderne est la technocratie, si tout va mal c'est l'ochlocratie, gouvernement par la masse, la populace, dont la médiacratie pourrait être une variante contemporaine en ce qu'elle en flatte les plus vils instincts, avant de poursuivre dans la phase ultime de décomposition , la kleptocratie où tout le monde se sert sur la bête, précédant l'anarchie puis la reprise en main sévère qui pourra prendre la forme d'un régime autoritaire ayant lui aussi différents visages.
Aujourd'hui, alors que le pire se profile à l'horizon, il est de bon ton de parer la démocratie de toutes les vertus. Vertus si nombreuses, que le peuple lui-même ne se déplace plus pour faire valoir son droit à gouverner par l'intermédiaire de ses prétendus représentants qu'il assimile le plus souvent à une assemblée de voleurs.
Passons sur le jeu de mots douteux de Churchill, "La démocratie est le plus mauvais système de gouvernement, à l'exception de tous les autres" bien qu'il montre bien l'aspect artificiel et fragile de la démocratie et citons l'état de droit dont tout le monde nous rebat les oreilles mais dont bien peu pourraient donner une définition qui tienne la route, parce que l'Union soviétique avait aussi établi un état de droit et se parait du titre de démocratie qu'elle méritait à plus d'un titre.
En fait une démocratie qui n'est pas vertueuse, qui n'est pas établie sur les règles du droit naturel ne peut pas être une démocratie juste, elle dégénère aussitôt en dictature, plus ou moins douce, plus ou moins molle, mais dont les effets ne sont pas moins présents. Il se crée bientôt une nouvelle morale perverse grâce à laquelle les pires contraintes se font jour.
On sait qu'une démocratie repose au moins sur deux pieds, la liberté d'information et la liberté d'expression.
Ces libertés ne supportent aucune entrave parce que l'imiter l'information un tant soit peu, c'est empêcher le citoyen de se forger un avis pertinent qui va lui permettre d'exprimer son avis et son vote, quant à limiter la liberté d'expression, quelle qu'elle soit, dès lors qu'elle ne constitue pas un appel au meurtre d'un citoyen contre son égal, c'est empêcher ce citoyen d'exercer son droit essentiel : exercer la démocratie.
C'est à dire que ces limitations, ces restrictions que nous vivons tous les jours soi disant pour les meilleurs raisons du monde font que cela fait longtemps que le démocratie réelle s'est effacée de notre champ politique.
Nous vivons en ce moment quelque chose qui se situe entre le gouvernement par l'argent et la dictature de la masse. Naturellement ce n'est pas un point d'équilibre et des choses vont se passer, incessamment, parce qu'il y a une espèce de fatalité dans la vie des régimes politiques et que l'on sait que l'aboutissement ultime de la démocratie, c'est la dictature d'un seul ou d'un petit groupe.
Ps : j'ai édité le titre parce que j'avais oublié d'en mettre un
Texte juste et fort bien écrit, bravo !
RépondreSupprimer