Vistites chez la France-d'en-bas

J'ai dû me rendre aujourd'hui au centre des finances publiques de la ville de J****y en banlieue parisienne pour me renseigner sur un détail de ma feuille d'imposition de taxe d'habitation.
Au passage j'indique que cette taxe n'a pas disparu contrairement aux bobards que l'on entend régulièrement sur les médias de masse.
Démarche bénigne croyais-je, encore imprégné de la relative efficacité de notre administration telle que je l'avais connue il y a une ou deux décennies. Plutôt deux d'ailleurs ...
Grave erreur ! Dans les démarches administratives, plus rien n'est bénin.

Déjà, vous recevez un document des impôts avec un net à payer qui succède à un autre document que vous avez reçu quelques jours auparavant. Pourquoi ? je lève tout de suite le suspens, la question restera sans réponse.
Mais l'important n'est pas là.

A l'entrée, dans le hall qui sert également "d'espace d'attente", pas de lumière, une semi-pénombre, une foule morne et résignée de pauvres gens reconnaissables à leurs vêtements bon marché, à leurs yeux hagards ou menaçants, le genre de gens que l'on rencontre dans les files de supermarchés .

J'avise ce qui me semblait être la fin de la file et je m'y dirige résigné à être derrière une trentaine de personnes servies par une seule préposée.
Un femme dans la soixantaine, vêtue, la pauvre, d'une immonde parka rose me dit alors d'un ton non bienveillant, "monsieur, la fin de la file est là-bas !" me montrant un couloir auquel je n'avais pas prêté plus d'attention que ça, vu qu'il était plongé dans l'obscurité. Je me rends alors compte que le long du mur, sont assises une cinquantaine de personnes .

Immonde ! à dix heures du matin, des gens qui, comme je l'ai dit, ne semblent pas rouler sur l'or, pour une grande majorité leucodermes donc fort probablement assujettis à l'impôt, certains de très petits propriétaires comme on en voit en banlieue, sont condamnés parce que l'administration envoie des documents sibyllins et que personne ne répond au téléphone, à perdre leur journée , pour qu'au bout du compte, on leur prélève de l'argent.
C'est proprement scandaleux surtout si l'on rajoute les affiches placardées un peu partout, rappelant que la courtoisie est de mise et menaçant les contrevenants de poursuites judiciaires.

Attends, morfonds toi, paye et ferme ta gueule !

Ça me rappelle une visite que j'ai due faire il y a quelques mois aux urgences de l'hôpital de C*****l, autre ville du département, un jour férié en accompagnement d'un proche.
Un salle d'attente archi comble, une foule cette fois-ci très bigarrée, très diverse pour ne pas dire très sombre.
Passé une heure d'attente, ou un peu plus, autorisés à passer un sas verrouillé automatiquement pour pouvoir consulter le médecin. Encore au moins une bonne heure d'attente avec nettement moins de places assises. Ce médecin n'était qu'un médecin trieur qui nous envoie vers un autre pôle au sein des urgences. Une vingtaine de personnes au moins, une heure d'attente, un médecin qui nous renvoie attendre un autre médecin. Ce devait être un trieur en chef, je suppose.
Une attente dans un couloir, moins de places que de patients. On lie la conversation, certains sont là depuis plus de 4 heures, d'autres sont repartis ou repartent sans avoir vu le médecin, épuisés et exaspérés.
Nous mêmes repartirons au bout de six heures sans avoir vu de médecin, nous disant qu'au bout de six heures la notion d'urgence avait de toute façon disparu et que le cas échéant on était mieux chez soi pour mourir.