Ira-t-il en prison ce bougre ?
Article du New York Times du 8 décembre 2004.par Craig S. Smith
Islam en prison : la négligence de l'Europe produit des islamistes en colère
Centre de détention de Nanterre, France.
Abdoullah, grand et musclé le crâne rasé et le bouc coupé ras assis sur un lit métallique dans l'étroite cellule explique comment il est venu à la religion.
« Quand j'étais à La Santé, j'ai lu des livres sur le Prophète » dit-il se référant à une prison parisienne réputée, la troisième des cinq prisons où il a passé son temps ces deux dernières années pour trafic de drogue et vol de voitures.Quand il est arrivé dans la quatrième, Fleury-Mérogis, la plus grande d'Europe, un autre détenu lui a donné un DVD sur la vie de Mahomet et plus tard, alors qu'il subissait une peine de trois semaine à l'isolement, il se voua à l'islam.
« Ici les gens rencontrent Dieu » dit il.
En moins de dix ans, il y a eu un changement radical dans la population carcérale française, un changement qui selon les services officiels et les experts pose un défi monumental.
Bien que ne constituant que dix pour cent de la population, les musulmans représentent la plus grande partie des détenus du pays et un pourcentage en augmentation dans la population des prisons de plusieurs pays européens, une indication de leur place tout au bas de la hiérarchie du continent.
Avec des filières d'islam radical s'infiltrant à travers l'Europe, les autorités ne savent pas comment répondre aux besoins spirituels des prisonniers tout en se protégeant du mélange potentiellement dangereux de l'idéologie extrémiste et du passé criminel.. Avec comme résultat fréquent l'immobilisme , dont les officiels disent qu'il peut être un allié de la radicalisation.
La population carcérale a augmenté à travers l'Europe ces dernières années en partie à cause de régimes anti-crimes plus sévères sous l'influence de la politique de tolérance zéro personnalisée par l 'ancien maire de New-York Rudolph W. Giuliani.
La population carcérale française a augmenté de vingt pour cent ces trois dernières années en grande partie à cause de cette politique répressive plus sévère.
La proportion de Musulmans en prison a cru encore plus vite reflétant la relative jeunesse des immigrants en Europe majoritairement musulmans.
Bien qu'il n'y ait pas de statistiques officielles de races et d'ethnies dans la plupart de l'Europe — en fait il est illégal de conserver de telles données ― les experts de la population carcérale admettent la nouvelle sur-représentation des Musulmans ici et là.Il y a deux mois, Pierre Raffin, le directeur de La Santé, avertit les autorités chargées d'observer le rôle de la religion que le prosélytisme extrémiste en prison était en augmentation.
D'autres pays sont confrontés au même problème. Balthazar Grazon, le magistrat, chef de l'antiterrorisme en Espagne a récemment déclaré que les hommes accusés d'avoir comploté pour faire exploser la principale cour antiterroriste du pays ont été recrutés parmi des camarades de prison par un militant islamique en détention pour fraude à la carte de crédit.
Plus célèbre, Richard Reid, qui tenta de faire exploser un vol à destination de Miami en décembre 2001, à l'aide d'une bombe dissimulée dans sa chaussure, avait été converti à l'islam dans une prison britannique.
Ceux qui sont détenus ou reconnus coupables de crimes en relation avec le terrorisme ne sont pas toujours séparés de la population carcérale ordinaire et sont souvent prêts à agir comme guides spirituels à une époque où les effectifs d'aumôniers musulmans sont vraiment déficitaires.
Abdoullah (les règles de la prison l'empêchent de donner son nom de famille) déclare que tant qu'il fut à Fleury-Mérogis, des militants étaient en activité dans la cour de la prison prêchant que les Chrétiens et les Juifs étaient des infidèles et ennemis . En mai, les militant défièrent les règles de la prison en organisant une prière pendant une promenade. En réponse, plusieurs prisonniers furent punis.
« L'islam est devenu en Europe, plus particulièrement en France la religion des opprimés comme le Marxisme à une époque. » déclare Farhad Khosrokhavar, un intellectuel franco-iranien qui a écrit un livre sur l'islam dans les prisons. Selon lui, l'augmentation de la population carcérale musulmane est la preuve qu'une sous classe musulmane se développe en Europe et que ses extrémes éprouvent de plus en plus de sympathie envers les idéologies politiques islamiques.
L’Europe a été lente à s'adapter au changement ethnique et au regain de religion de ses détenus. La France en particulier a tardé a accepter des aumôniers musulmans, craignant qu'une sélection inappropriée puisse introduire des militants potentiels dans le système.
Missoum Abdelmadjid Chaoui, l'imam responsable à Nanterre, déclare qu'il n'y a que neuf aumôniers pour près de 20 000 détenus musulmans pour la seule région parisienne . Il tient lui-même neuf des vingt-cinq prisons de la région mais ne travaille comme aumônier qu'à mi-temps.
Il y a des efforts effectués en France et ailleurs en Europe pour former des religieux modérés qui soient sensibles aux idéaux laïcs du continent mais les progrès sont lents et M. Chaoui déclare que cela prendra plusieurs années avant qu'ils ne soient assez d'aumôniers pour répondre aux besoins de la population carcérale française qu'il estime à environ soixante pour cent de musulmans.
Plusieurs personnes avertissent que de négliger les besoins des prisonniers musulmans engendre du ressentiment et les laisse ouverts à des interprétations plus radicales de l'Islam.
Les détenus musulmans en France, qui compte la communauté musulmane la plus importante d'Europe, se plaignent d'être ignorés dans un système prévu pour une population chrétienne. Peu de prisons du pays fournissent de la viande Hallal, abattue selon les prescriptions musulmanes et encore moins tiennent des offices religieux réguliers pour les musulmans alors que la plupart des détenus catholiques peuvent assister à une messe par semaine.
« Ceci filtre vers la communauté musulmane hors les murs qui entend ce qu'il se passe et sont dérangés par cela. » déclare James Beckford un professeur de sociologie de l'université de Warwuck en Grande Bretagne qui a étudié le problème des musulmans en prison. « Ceci alimente leur sentiment d’aliénation ».
Abdoullah déclare que depuis le 11 septembre 2001, plusieurs prisonniers de sa génération ont vu leur intérêt pour la compréhension de leur religion de naissance augmenter.Mais lui et un de ses deux codétenus, Bandjougou, se plaignent d'avoir peu de direction spirituelle. Les deux hommes sont nés et ont grandi dans la banlieue de Saint-Denis au nord de Paris. Le voisinage, un village entourant une cathédrale du XIII ème siècle où la France enterrait ses rois, a explosé en un étalement de HLM habités par une majorité d’immigrants arabes et africains.
« En trente mois je n'ai vu l'aumônier que deux fois » déclare Bandjougou, un descendant d'africain de l'Ouest, grand aux yeux clairs. « Peut-être cela entrera par une oreille et ressortira par l'autre, mais au moins c'est une autre vision de la vie. »
Un aumônier catholique visite le bloc presque quotidiennement, mais Bandjougou dit qu'il fournit peu de consolation pour l'immense majorité des détenus qui sont musulmans. En l'absence de guide spirituel officiel, il déclare que les prisonniers se conseillent les uns les autres.
Les autorités de la prison déclarent rapidement repérer les prosélytes sérieux et régulièrement déplacer les prisonniers convaincus d'avoir trop d'influence sur leurs codétenus.
« Chaque fois que nous voyons des détenus groupés dans la cour pour prier ou enseigner la religion, le groupe est dispersé » déclare Géraud Delorme, directeur adjoint de la prison de Nanterre. « Tout est organisé pour empêcher des contacts étendus et de tels échanges d'idées. ».
Dans le système carcéral français, beaucoup de détenus passent près de 21 heures par jour enfermés derrière des portes d’acier sans fenêtre dans leur petite cellule. Les repas sont livrés en cellule et il y a peu d’opportunité de rencontrer quiconque d'autre que ses codétenus, excepté pendant les promenades deux fois par jour dans la petite cour de la prison en béton.
Les drogues sont omniprésentes, passées de cellule en cellule par des ficelles suspendues à travers des trous découpés dans le grillage couvrant la petite fenêtre de chaque cellule.
Les « yoyos » sont tolérés dans plusieurs prisons, mais le grillage a récemment été remplacé à Nanterre.
Les modifications de la démographie carcérale sont gravées dans la petite cour de promenade à mur de briques de Fresnes, une prison qui sert de centre de tri pour transférer les détenus dans les prisons du système carcéral national. Les noms gravés dans les briques il y a un siècle sont tous français. « Maurice Barbès, 1909 » peut-on lire. Mais ceux gravés par les jeunes hommes remplissant la cour ces temps-ci sont tous nord africains comme Oulmana, Chebbabi et Karim.
Selon le e professeur Beckford plusieurs pays ont pris des dispositions pour leur importante population carcérale musulmane. Le royaume-Uni a plus de 20 aumôniers musulmans salariés et des centaines d'imams volontaires qui vont dans les prisons chaque semaine à plein temps, tandis qu'en Angleterre et au Pays de Galles, se tient de manière régulière la prière du vendredi et que sont fournis des repas Halal.
Mais à Nanterre, un modèle comparé à de nombreuses prisons françaises, la nourriture Hallal n'est fournie que par l'intermédiaire du commissaire de la prison. Bandjougou désigne des boîtes de dattes, raviolis Hallal, et saucisse de poulet empilés sur une étagère dans l'étroite cellule. « Nous avons de la famille qui nous donne de l'argent aussi nous pouvons acheter de la nourriture » déclare-t-il dans la faible lumière venant de l'étroite lucarne de la cellule, « mais si vous n'avez pas d'argent, vous n'avez pas de chance. »
Les hommes cuisent la nourriture dans des fourneaux maison, illégaux mais largement tolérés assemblés à partir de canettes, tissu, papier et huile de cuisson. Les musulmans ont la possibilité de commander des repas végétariens auprès des services de la prison mais ils déclarent que le régime, comme les imams manquants les laissent sur leur faim.
Ils sont forts en réinformation ces Américains. Alors comme ça, quand on n'est pas musulman lors de son incarcération, on le devient. L'article n'en parle pas, mais quelque chose me dit que l'inverse ne se produit quasiment jamais, c'est certainement très rare que des musulmans se convertissent à la foi chrétienne en prison. Et ce n'est peut-être pas uniquement parce qu'on manque d'aumoniers catholiques et protestants...
RépondreSupprimerC'était un peu le sens de l'article original mais il est intéressant de le lire de manière transversale . On y apprend alors que la quasi totalité des prévenus est d'origine africaine cf. les noms gravés sur les murs de la prison de Fresnes, que sur la totalité de ces prévenus, au moins 60% sont musulmans. On y voit que l'immigration africaine, cette chance pour la France constitue en fait un sous-prolétariat grand fournisseur de délinquants et que malgré tout, ce sous prolétariat arrive à faire que ce soit la République qui s'adapte à lui plutôt que le contraire (nourriture Hallal et imams dans les prisons).
RépondreSupprimerOn y voit aussi que le fait de traiter les politiques comme des droits communs permet aux premiers de recruter des nervis parmi les seconds.
Bref cet article dépasse largement le sujet de la pratique de l'islam en prison.
C'est ce qui s'appelle manger la réalité en plein poire
RépondreSupprimerOui c'est invraisemblable que de dangereux islamistes puissent se retrouver au contact de "simples" voleurs de voiture. Quant à la nourriture Hallal, il me semble que s'il n'y en avait pas en prison, ça pourrait être une motivation pour un délinquant musulman de ne pas récidiver. On marche sur la tête comme on dit. Les dirigeants sont atteints par un genre de schizophrénie et personne ne réagit (stress de la vie moderne entrainant un épuisement, abrutissement par la télé, baisse du patriotisme et de la religiosité, culpabilisation laique etc)
RépondreSupprimer"Le premier qui dit la vérité
RépondreSupprimerIl doit être exécuté..." chantait Guy Béart. Zemmour a servi de bouc émissaire à SOS Racisme, la Licra et toutes sortes d'officines qui remplissent leurs caisses au passage. Le but de l'opération étant de montrer aux Dupont Lajoye que personne n'échappe à leur vigilance "citoyenne" !
La prochaine fois, Zemmour tournera 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler... Et sa langue risque de devenir de bois !
un avertissement sans frais pour l'intéressé - 2000 euros avec sursis - peine exceptionnelle par sa mansuétude. Ce qui laisserait à penser que Zemmour est bien une créature du système ; sinon comment aurait-il sa rubrique sur RTL et son fauteuil dans une émission, temple du politiquement correct, sur la 2 ? Je ne dis pas qu'il n'est pas sincère, mais il est trop intelligent pour ne pas savoir qu'il est utilisé à la fois comme dérivatif et comme hochet.
RépondreSupprimerPour l'observateur qui n'est pas dupe, cette peine confirme, si besoin était, que nous sommes bien dans un système totalitaire où chaque écart de parole, avant qu'on ne nous implante des électrodes pour déceler chaque écart de pensée, est réprimé, quel qu'on soit.